Aujourd’hui, je veux aborder un sujet qui nous touche tous à un moment ou un autre : l’échec. L’échec est souvent perçu comme une ombre sombre qui plane au-dessus de nos têtes, mais il est aussi une partie intégrante du parcours de chacun. À travers cet article, je souhaite explorer comment l’échec est perçu en France et partager avec toi mon propre rapport à l’échec. Prenez un petit thé, cet article est un peu plus long qu’habituellement mais aussi plus personnel et il me tiens à coeur.
L’Échec en France : Un tabou culturel ?
En France, l’échec est souvent synonyme de honte et de déception. Dès notre plus jeune âge, nous sommes conditionnés à éviter l’échec à tout prix. Le système éducatif français demande aux enfants de choisir un métier alors qu’ils sont encore à peine sortis de l’enfance. À l’école, les bonnes notes sont valorisées, et les erreurs sont rarement vues comme des opportunités d’apprentissage. Si tu es mauvais dans une matière, on te déconseille souvent de t’y engager plus tard, plutôt que de t’encourager à persévérer et à suivre tes passions.
Les notes sont stigmatisées et les erreurs sont rarement considérées comme des occasions d’apprentissage. On considère que « rater » quelque chose, ou même se tromper de voie, c’est échouer. On doit choisir un métier très tôt, dès le collège, et suivre un chemin unique toute sa vie. L’échec devient alors quelque chose à absolument éviter. Du coup, l’enfant, puis l’adulte, ne prend plus de risques et freine ses éventuelles envies, par peur de ne pas réussir. Il préfère ne rien faire plutôt que de vivre un échec.
Ma peur de l’échec : Une pression dès l’enfance
La peur de l’échec est arrivée assez tôt dans ma vie. Pour comprendre un peu mieux, remontons le temps. Quand j’étais petite, j’étais perçue comme parfaite. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est ma famille et les adultes qui me voyaient, parfois pour la première fois. J’étais une poupée parfaite avec mes boucles d’or et mon charme fou (OK, là, c’est moi qui le dis). J’ai donc commencé ma vie avec une pression mise inconsciemment sur mes épaules : être parfaite. Pas simple comme mission, hein ?
Par la suite, mes parents et moi-même avons constaté que j’avais des facilités d’apprentissage (ou était-ce une surcompensation ?). La maternelle et la primaire étaient un jeu d’enfant pour moi. Je me rappellerai toujours de ma première mauvaise note. C’était en 6ème, en histoire. Une matière que je trouve intéressante à écouter mais que je n’ai jamais aimé apprendre. J’ai eu 2. Oui, 2. Je suis passée de l’élève excellente à une note de 2… Et le pire, c’est que j’angoissais énormément de la réaction de mes parents, qui n’ont pas spécialement réagi. Malheureusement, ça ne suffit pas à annuler ma mission sur cette Terre : être parfaite !
Parcours scolaire : Déceptions et réorientations
Le collège m’a légèrement plus challengée que les petites classes, mais finalement pas tant que ça. J’ai eu mon brevet avec mention (même si tout le monde s’en fout de la mention au brevet) et avec beaucoup de stress. Après le collège, j’avais décidé de partir en lycée d’Arts Appliqués. Après tout, je me sentais différente (même si je ne le montrais pas) et « artiste » même si je trouvais ce mot prétentieux à dire pour soi.
En 2nde Arts Appliqués, je n’étais pas très bonne. Je gérais les matières générales (même l’histoire) mais moins les matières artistiques. Devoir créer sous contraintes et sur des sujets qui ne m’intéressaient pas… Franchement, non merci. Mais ça a quand même été difficile quand, au conseil de classe, les profs m’ont grandement conseillée de repartir en filière générale. J’avais le droit de choisir de rester, mais « avec une grande chance de rater mon bac ». Pas le temps pour encourager un élève, ça marche ou ça ne marche pas, mais si ça ne marche pas, on ne cherche pas à savoir pourquoi.
Me voilà repartie en 1ère ES… Je voulais partir en 1ère L mais c’était mieux de ne « pas me fermer de portes ». J’ai détesté mes deux années là-bas et même fait une phobie scolaire (bien dissimulée derrière ma surcompensation). Deux années horribles avec très peu de bons souvenirs. J’ai donné tout ce que j’avais pour avoir mon bac du premier coup (et pas haut la main…) et partir en fac de cinéma.
Après le bac : Une série d’expériences décevantes
Maintenant que tu as déjà le plus gros de comment j’ai grandi avec l’échec, je te fais un rapide tour de mon parcours après le bac : trois années géniales de fac de cinéma mais avec des débouchés très limités, pour finir à Pôle Emploi avec un conseiller qui m’a conseillé de « prendre un job alimentaire puisque j’en aurai besoin ». Ensuite, le fameux job alimentaire. Ne voulant pas rester coincée dans un bureau à faire quelque chose que je n’aime pas, j’ai décidé de reprendre mes études, mais pas dans n’importe quoi : il fallait qu’il y ait des débouchés et qu’on puisse gagner de l’argent. Alors, j’ai choisi l’informatique… J’étais pas mauvaise, au contraire, mais vraiment, ma vie n’avait pas de sens. Pourquoi faire quelque chose où la dimension artistique n’a pas vraiment sa place ? J’ai arrêté après le premier semestre et j’ai décidé de partir en licence pro webdesign. Je me suis dit que mes envies créatives allaient enfin être assouvies mais… non. J’ai arrêté après le premier trimestre.
Le Parcours vers l’acceptation et la créativité
À 25 ans, je me suis retrouvée perdue dans un monde qui voulait une vie pour moi que je ne voulais pas. J’ai fait un bilan de compétences et c’est là que des portes ont commencé à s’ouvrir. Le bilan m’a menée vers une formation de styliste couturière. J’ai adoré mais… ça ne me suffisait pas. J’ai ensuite pris une formation d’illustration mais ma peur de l’échec m’a fait abandonner tout de suite. Ensuite, j’ai trouvé un travail qui m’a tenue éloignée de mes envies pendant deux ans et demi. Lorsqu’on m’a remerciée (sans vraiment me remercier…), l’urgence m’a poussée à prendre une formation dans quelque chose que j’avais envie de faire « pour une fois » (même si pas vraiment). Je me suis formée à la photographie. J’ai adoré mais… ce n’était pas assez. J’ai commencé une formation de graphisme. J’adore… J’y suis encore mais… ce n’est pas assez.
Nous voilà alors aujourd’hui. À 32 ans, j’ai enfin compris que j’ai besoin de faire des choses de mes mains et que mon besoin de partage se traduit vraiment là-dedans.
Accepter l’échec pour avancer
Il faut savoir qu’à l’époque de nos parents, aller voir un psy n’était pas bien vu et faire diagnostiquer son enfant encore moins. On n’était même pas informés sur la neuro-atypie. J’ai attendu d’avoir la trentaine pour comprendre que j’étais neuro-atypique (TDAH, HPE, peut-être HPI, suspicion de TSA… Insère l’acronyme de ton choix ! Ahah !). Avant ça, j’étais une anomalie dans le programme de la vie, me déguisant sans arrêt pour faire croire que j’étais « normale ».
C’est la peur de l’échec, l’impression qu’échouer est horrible, presque fatal, qui m’a fait prendre des chemins détournés. J’ai beaucoup regretté de ne pas avoir fait certains choix plus tôt. Encore aujourd’hui, je me dis que peut-être j’aurais pu comprendre plus tôt qui j’étais et ce que je voulais, ce dont j’avais vraiment besoin. Mais je me dis aussi que peut-être que c’était exactement le chemin que l’univers avait prévu pour moi. Aujourd’hui, je comprends que toutes mes formations et apprentissages m’ont menée ici et que je peux maintenant mettre toutes mes connaissances et compétences au service de ma vie rêvée. Doucement mais sûrement, j’essaye de me sortir de cette peur de l’échec. Aujourd’hui, je m’entends parfois dire « oui, je vais me planter, mais c’est normal. Ce sera pour moi l’opportunité de m’améliorer ».
Merci d’avoir pris le temps de lire ces réflexions sur l’échec. J’espère que mon partage t’aidera à voir tes propres échecs sous un jour nouveau, et à les utiliser comme des tremplins vers de nouveaux horizons.
Et rappelle-toi que l’échec est une question de point de vue. Et comme l’a si bien dit Winston Churchill << Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. >>